Parents d'élèves de la Vallée Verte

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lundi, avril 5 2010

Scènes de la vie quotidienne dans une école à la rentrée 2010

science fiction...... ou réalité pour la prochaine rentrée ?!

C’est la rentrée !

À l’école élémentaire de la rue de l’Avenir, dans la classe de CE2, élèves et parents font la connaissance de l’enseignant, enfin des enseignants… Car ils seront deux dans la classe, jusqu’aux vacances de la Toussaint.

Le premier vient d’être reçu au concours de recrutement des professeurs des écoles, on l’appelle P.E.S. (Professeur d’Ecole Stagiaire). Il n’a pas eu de formation professionnelle, hormis 4 semaines d’observation dans deux classes l’année dernière. Pas de chance, ce n’était pas en CE2, mais bon.

Le deuxième, qu’on appelle T1 (Titulaire 1ère année), sort d’un an de formation professionnelle à l’IUFM, il a eu la chance d’être reçu au concours en 2009 : il fait partie de la dernière promotion d’enseignants formés puisque les IUFM n’existeront plus en 2011. Il aurait du avoir un poste à l’année dans une école pas trop difficile pour ce début de carrière, mais bon.

Le samedi suivant, réunion de classe.

PES explique aux parents qu’il a un tuteur dans l’école, un enseignant chevronné qui lui apporte conseils et soutien. Bien sûr c’est un peu compliqué parce que le tuteur a un CP et n’a pas fait de CE2 depuis 1997, il ne connaît pas les manuels, et le midi il fait les aides personnalisées. Mais bon, on peut discuter un peu à la récréation, s’envoyer des mails le soir. Et puis le T1 a accepté de prendre le CP du tuteur deux matinées par semaine pour qu’il vienne dans le CE2 voir comment travaille le PES. Et puis, il y a aussi un Maître Formateur qui viendra dans la classe de temps en temps.

Enfin, à partir de novembre, ce sera différent : le T1 quitte l’école pour aller faire des remplacements ailleurs. Le PES reste dans la classe de CE2…les lundis jeudis et vendredis, puisque les mardis il va parfaire sa formation à l’Université jusqu’au mois de mai.

Pour les mardis, un remplaçant Brigade arrive. Jusqu’au mois de mai, le Brigade remplacera quatre PES dans quatre écoles différentes : une petite section le lundi, un CE2 le mardi, un CM1 le jeudi et une grande section le vendredi. Ca fait une centaine d’élèves, Brigade ne connaîtra peut-être pas tous les prénoms à Noël, mais bon.

Le PES et le Brigade ne se rencontreront jamais puisqu’ils ne sont pas là les mêmes jours, mais bon, quelques mails pour les urgences, ça permet de créer du lien !

Comme la formation professionnelle, c’est vraiment primordial, le PES aura aussi un stage d’une semaine complète au deuxième trimestre. Pas d’inquiétude, son remplacement est prévu…par une autre Brigade, on l’appelle Brigade n°2.

Quand mai arrivera, le PES aura terminé sa formation et sera à plein temps dans sa classe de CE2. Il sera évalué (il ne sait pas encore par qui ni comment) et titularisé (si tout va bien) à la rentrée suivante.

Les parents osent quelques questions sur l’emploi du temps, le programme scolaire, les projets pédagogiques, le livret d’évaluation. Le PES est embarrassé car il a été nommé la veille de la rentrée, il a juste eu le temps de lire les Programmes Officiels, participer à deux réunions le mercredi avec l’inspecteur sur le thème « Déontologie du fonctionnaire », aménager sa classe, s’initier au maniement du Baby-haller pour son élève asthmatique, repérer l’itinéraire pour les séances de piscine qui commencent lundi... Mais bon, il va faire son maximum, mettre les bouchées doubles. L’école est sympa, les collègues attentifs et le PES est très motivé et le T1 va l’aider.

Les parents quittent la réunion, perplexes, inquiets ou fâchés. Que penser ? Que faire ?

Vous n’avez pas tout compris ? C’est normal.

En revanche, vous avez sans doute compté : PES, T1, Brigade n°1, Brigade n°2… 4 enseignants différents. Une grippe ? Un congé maternité ? Il faudra faire appel à Brigade n°3…

A la rentrée, 170 écoles, soit plus de 4000 élèves, seront dans cette situation à Paris, et plein d’autres dans toute la France...

Merci qui ?

Source IUFM Paris

mercredi, mars 31 2010

De l’irresponsabilité syndicale, par Alain Refalo

Après des mois de silence et d'inaction, alors que la formation initiale des enseignants est démantelée, que le ministère veut recruter des étudiants et des retraités pour les remplacements, que le projet des EPEP consacrant la municipalisation des écoles pointe à l'horizon et surtout que des dizaines de milliers de postes seront à nouveaux supprimés à la rentrée, les syndicats nous proposent à nouveau une journée de grève ici, une autre par là, des manifestations et même des pétitions sur internet… Incapables d'analyser les échecs de leurs actions passées, les principaux syndicats d'enseignants du primaire, sur le plan national, restent décidément figés sur le mythe de décembre 95. Ils oublient la cuisante déroute du printemps 2003 qui a contribué à écœurer de nombreux enseignants et à les détourner de l'action syndicale. Et depuis trois ans, malgré une mobilisation sans précédent autour de la défense de l'école publique, ils sont incapables de relayer les nouvelles formes de résistance qui ont émergé et n'ont pas réussi à infléchir la politique au bulldozer du gouvernement.

Or, les attaques sans précédent contre l'école et plus largement le service public d'éducation méritent une riposte d'envergure proportionnée à ces attaques. Si l'école publique est vraiment en danger, et ce n'est pas qu'un slogan, notre devoir est d'empêcher la mise en œuvre des réformes qui déconstruisent l'école et que les grèves précédentes n'ont pu enrayer. Nous devons d'urgence repenser à nouveaux frais nos modes d'action et de résistance pour être à la hauteur du défi que nous a lancé ce gouvernement. Le ministère exige une soumission inconditionnelle des personnels pour qu'ils obéissent et appliquent sans discuter les réformes. Là est le véritable curseur qui permet de mesurer le niveau de résistance ou de soumission de la profession. Allons-nous continuer à manifester et faire grève contre ces réformes et une fois revenus dans nos classes les mettre en pratique bien sagement ? Faut-il rappeler aux syndicats qu'un fonctionnaire est doué de raison et de conscience ? Lorsqu'il nous est demandé d'être complices de réformes néfastes et destructrices, notre seul devoir est de s'y opposer, et de refuser collectivement de s'y soumettre. Ce n'est pas seulement une question d'honneur, mais de responsabilité et d'efficacité.

Les syndicats majoritaires sont en retard de plusieurs batailles. Ils ont oublié que ce pouvoir a parfaitement retenu les leçons du passé et qu'il s'accommode désormais d'une contestation légale quand bien même elle serait massive dans la grève. En réalité, il n'attend qu'une seule chose : que les syndicats continuent à « s'opposer » par la grève, y compris « reconductible », et la manifestation. Il peut ainsi dormir tranquille, d'autant que les syndicats cautionnent le service minimum d'accueil en demandant aux grévistes de remplir leur fiche de déclaration de grève… Ce que ce pouvoir redoute d'abord, c'est l'insoumission des personnels et la désobéissance collective, seules résistances susceptibles de faire échec, dans l'action quotidienne, aux réformes destructrices. Nous l'avons expérimenté. Ce qui est insupportable à notre hiérarchie, ce n'est pas tant la désobéissance clandestine, que la désobéissance ouverte, revendiquée et assumée. Elle seule, aujourd'hui, constitue une force de pression qui fait bouger les lignes.

Le mouvement des enseignants du primaire en résistance a inauguré une nouvelle forme de lutte dans l'Education Nationale. La première victoire que les enseignants-désobéisseurs ont obtenue, c'est de n'avoir rien cédé malgré les pressions et les sanctions, somme toutes relativement limitées. La seconde victoire, c'est qu'ils continuent à enseigner sans se renier, sans appliquer les dernières réformes pédagogiques. De fait, ils les neutralisent. Quelques milliers, c'est un grain de sable dans la machine à déconstruire. Plusieurs dizaines de milliers, ce serait l'échec définitif des réformes. La résistance pédagogique constitue un puissant levier, à la portée de chacun-e, qui atteste d'une action déterminée, permanente et populaire. Comment peut-il se faire que les syndicats soient incapables de le comprendre ? Comment est-il possible qu'ils n'aient pas revisité leur logiciel de résistance en regard de ce mouvement exemplaire qui a émergé par l'initiative de quelques-uns qui ont su entraîner un grand nombre dans la désobéissance collective ?

3 000 enseignants-désobéisseurs, c'est certes le plus important mouvement de désobéissance civile que l'Education Nationale ait connu, mais c'est surtout une forte minorité agissante qui ne demande qu'à s'étoffer et à devenir une véritable force de contrainte sur le pouvoir. Nous n'oublions pas que de nombreux collectifs de parents d'élèves se sont mis en mouvement dans la foulée des premières lettres de désobéissance. Un espoir venait de naître qu'il convenait de ne pas décevoir… La popularité de ce mouvement n'a pas faibli auprès des parents d'élèves. Là est l'enjeu décisif : susciter la sympathie et la mobilisation de l'opinion publique en soutien à l'action des enseignants-désobéisseurs pour structurer une pression sur le pouvoir qu'il ne pourra pas ignorer. C'est ainsi que l'opinion publique passe d'une attitude de tiers-témoin à une attitude de tiers-soutien. Cette force de l'opinion publique en appui des revendications des enseignants-désobéisseurs peut s'avérer décisive.

Certes, les syndicats ont su apporter leur soutien aux enseignants-désobéisseurs menacés de sanctions. Mais ce fut vraiment le service minimum ! N'y a-t-il pas quelque hypocrisie à soutenir un enseignant-désobéisseur lorsqu'il est soumis à la pression de son administration, tout en se démarquant haut et fort, y compris en commission disciplinaire, du mode d'action utilisé ? N'est-ce pas le pire soutien que nous pouvions espérer ? Les syndicats se veulent « responsables », alors la désobéissance ce n'est pas leur tasse de thé, entend-on ici ou là. En réalité, leur manque de lucidité et de courage frisent l'irresponsabilité en regard des enjeux de la déconstruction de l'école publique. Pour être juste, fort heureusement, un nombre non négligeable de sections départementales du syndicat majoritaire dans le primaire, sous l'impulsion d'adhérents-désobéisseurs, ont repris à leur compte la démarche de la résistance pédagogique en mobilisant de façon significative.

L'heure n'est plus à la frilosité. Dans de nombreux secteurs publics, à l'exemple des enseignants-désobéisseurs, et bien souvent en dehors des organisations syndicales, des fonctionnaires entrent collectivement en résistance et en désobéissance pour ne pas cautionner des lois et des réformes scélérates qui détruisent les acquis issus de la Résistance. De ce point de vue, ils agissent réellement de façon éthique et responsable. Le moment est venu de préparer la convergence des luttes, mais également la convergence des moyens de lutte pour résister ensemble et massivement à ce pouvoir libéral-autoritaire. Nous avons essayé de convaincre, nous avons attendu, nous avons espéré que les organisations syndicales soient à la hauteur de la situation... Désormais, le temps est compté. Nous avons décidé, et sans attendre, selon la formule de Gandhi, d'être dès aujourd'hui le changement que nous voulons voir réaliser. En conscience et en toute responsabilité.

Alain Refalo, le 30 mars 2010
Enseignant du primaire en résistance
Auteur du livre "En conscience je refuse d'obéir, résistance pédagogique pour l'avenir de l'école", Editions des Ilots de résistance, 2010

En savoir plus:

jeudi, mars 12 2009

La formation des enseignants selon Darcos

Rappelons-nous le passage du ministre sur RMC le 12 février 2009:

Extraits:
« Aujourd’hui (...) les professeurs passent un examen, un concours, ils sont mis dans l’Institut de formation des maîtres, où on leur apprend des théories générales sur l’éducation et puis de temps à autre ils vont remplacer un professeur absent. Ce n’est pas comme ça qu’on forme des gens. Autrement dit, ils sont sans arrêt devant un simulateur de vol. Alors que dans le système que je propose, ils ne seront pas dans un simulateur de vol, ils s’installeront dans le cockpit avec un copilote et ils entreront dans la carrière. »

Qui veut essayer ?

« vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd’hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi, n’est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n’ai pas absolument besoin d’entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Je définis les concours dont j’ai besoin. Je garanti la formation professionnelle des personnels que je recruterais. »

Pour écouter l'intégralité de l'interview:

D'autres documents pour en savoir plus dans un article précédent et lien sur la pétition.

vendredi, janvier 2 2009

Je n'ai rien dit...

Quand le ministre a supprimé l'école le samedi matin,
Je n'ai rien dit car je pouvais partir en week-end dès le vendredi soir.

Quand il s'en est pris aux maternelles,
Je n'ai rien dit car je n'avais pas d'enfants en maternelle...

Quand il a démantelé les RASED,
Je n'ai rien dit car mes enfants n'étaient pas en difficulté...

Quand il s'est attaqué aux IUFM,
Je n'ai rien dit car je n'étais ni enseignant ni étudiant.

Quand ce fut le tour des associations complémentaires de l'école,
Je n'ai rien dit parce que je n'étais pas adhérent...

Quand il a financé la surveillance des opinions sur Internet,
Je n'ai rien dit car je ne signe pas de pétitions en ligne.

Et quand la dernière école publique a fermé,
Je n'ai rien dit... car il était trop tard...

Adaptation personnelle, inspirée de Patrick Morel, d'après le pasteur allemand Martin Niemoller

L'école à la sauce financière

Une recette de X. Darcos (origine inconnue, circule sur de nombreux blogs)

  • Prenez une école
  • Enlevez 2 heures par semaine
  • Alourdissez les programmes
  • Supprimez les RASED
  • Saupoudrez du soutien à ceux qui ne supportent plus l'école
  • Rajoutez une dose de culpabilité aux parents des enfants en difficulté
  • Laissez les enseignants s'enliser dans les problèmes d'organisation
  • Laissez pourrir quelque temps...
  • Annoncez régulièrement que l'école va mal

C'est prêt vous pouvez privatiser.